La lune brillait doucement dans la sombre masure, la remplissant d'une brume d'argent. La femme marcha silencieusement vers son mari et s'installa près de lui.
''Mon honorable cousin, le maire, refuse notre demande'', dit elle tristement, ''nous sommes trop pauvres pour adopter un orphelin.''
''Lui as-tu dis que si nous n'élevons pas un enfant selon la tradition de nos ancêtres, nous n'aurons jamais plus de chance ?'' demanda le fermier.
''Oui. Il sait que si nous ne pouvons avoir d'enfant, nous devons en adopter pour l'élever comme le notre ou les esprits de nos ancêtres seront mécontents -- ils ont besoin d'enfants et de petits-enfants pour se souvenir de leurs noms. Mais il pense qu'il ne peut risquer d'affamer un enfant. Il a insisté sur le fait que nous n'avions même plus un seul cheval et que le village ne peut plus nous aider.''
Ils s'assirent ensemble près de la fenêtre. Ils désiraient tellement un enfant, mais maintenant, n'avaient plus aucun espoir.
Soudain, la lune brilla plus fort, et un rayon de lune entra par la fenêtre. Il balaya la pièce s'arrêtant enfin sur la table. Un petit point apparut au bout du rayon, grossissant continuellement, jusqu'a ce qu'un petit cheval blanc-argenté, pas plus grand qu'une souris apparut. Il portait une branche de cerisier rouge, dont la plus part des fleurs couleur vin étaient fermées. Une voix profonde emplie la pièce : '' Ne soyez pas tristes. Moi, la Lune, je vous apporte un de mes enfants. Regardez la branche de cerisier.'' Une fleur s'ouvrit alors lentement, par magie. Au milieu d'elles se trouvait un petit bébé, de la taille d'un pousse.
'' Voici Fleur de Lune'', continua la Lune. '' Elle vous apportera bonheur et bonne fortune. Mais elle ne pourra se marier avec un homme, et devra me revenir lorsqu'elle aura 18 ans. Utilisez bien ces années, et tout se passera bien. Maintenant prenez-la de la fleur et posé la sur la natte.''
Fleur de Lune commença à grandir, et en quelques minutes elle atteignit la taille d'un bébé humain. Ses cheveux étaient noirs comme la nuit, ses yeux brillants comme les étoiles et sa peau avaient la couleur d'une pêche d'or. Elle portait un kimono rose, brodé de fleur de cerisier couleur vin et portait un magnifique et énorme rubis-étoile. Le petit cheval posa son museau contre les cheveux luisants du bébé, remua la queue gaiement et grimpa sur le rayon de lune. ''Rappelez-vous de bien utiliser ses années !'' tonna la voix de la Lune, alors que le rayon disparaissait lentement.
Le jour suivant, le fermier vendit le rubis pour une fortune. Une partie de l'argent fut utilisé pour le développement de la ferme et l'autre fut gardée pour le futur.
Les années passèrent. Le fermier et sa femme développèrent leurs écuries, et les guerriers vinrent de partout dans le pays pour obtenir leurs meilleurs chevaux. Mais la richesse ne signifiait pas grand-chose au fermier et à sa femme, mis à part le plaisir de donner à Fleur de Lune tout ce qu'elle pouvait souhaiter. Aussi firent-ils peu d'autres choses, bonnes ou mauvaises, avec leur argent.
Fleur de Lune grandit et devint si intelligente, belle et gentille que tout le monde dans le village l'aimait, surtout le maire, qui se considérait comme son oncle et traitait la famille avec respect. Peut-être pensait-il que c'était vraiment lui qui avait apporté cet adorable enfant de la Lune en refusant leur demande. Mais, personne ne put oublier que Fleur de Lune était destinée à les quitter. Elle aussi s'inquiétait car elle aimait ses parents avec tout son cœur et était très heureuse sur Terre, jouant avec les enfants du village ou aidant à élever les magnifiques chevaux. Un jour, alors qu'elle avait dix ans, elle entendit sa mère dire à son père: '' Lorsque Fleur de Lune partira, ce n'est pas seulement mon cœur qui sera brisé… Les ancêtres seront toujours mécontents, car il n'y aura plus d'enfant pour se rappeler leur nom ! Ils ne se satisferont pas avec un enfant dans la lune !''
Alors Fleur de Lune eue une idée. Elle alla à ses parents et leur dit: ''Je pense qu'il est temps que j'ai des frères et sœurs.''
''La lune ne nous enverra pas d'autres enfants,'' dit la mère, surprise. ''Il a déjà fait beaucoup en t'envoyant.''
''Je ne voulais pas dire un enfant de la Lune,'' dit Fleur de Lune. '' Vous êtes riches maintenant. Le maire, mon honorable oncle, ne refusera sûrement pas que vous adoptiez quelques orphelins du village. Ils ont tellement besoin d'une bonne maison, et vous aurez des enfants et petits-enfants pour perpétuer la tradition sur Terre, même si mes enfants doivent naître sur la lune. Les esprits seront contents et plus important, les enfants seront un réconfort pour vous lorsque je serai partie !''
A minuit, la lune brilla soudain plus fort, et un unique rayon de lune entra dans la cour. Il balaya les alentours, s'arrêtant enfin sur un cerisier rouge en fleur. Des personnages doux et flou flottaient dedans, d'abord à une grand distance, puis de plus en plus près. Les villageois s'arrêtèrent, se figeant avec crainte alors que les personnages se matérialisaient et un par un le peuple de la lune sortait du rayon d'argent, chacun montant un magnifique cheval de lune blanc d'argent. Ils étaient gais et souriants, aussi beau et bien habillé que Fleur de Lune. Les femmes portaient des kimonos de soie brodés, les hommes portaient les plus fines armures de guerriers. Ils se mêlèrent aux villageois, dansèrent, burent du vin de riz et se conduisirent comme des vieux amis. Les villageois perdirent toutes peurs des visiteurs rapidement.
Ils la regardèrent, étonnés par sa sagesse. L'idée ne leur était jamais venue. ''Peut-être que la Lune voulait dire cela quand elle disait de bien utiliser ses années,'' chuchota le père. Sa femme acquiesça : ''Toute cette joie, tout cet argent, et nous n'avons rien fait en retour... J'irai voir mon cousin, le maire, demain matin.''
Le maire fut heureux d'accepter. Comme les années passèrent, il leur permis d'adopter trois garçons et deux filles, qui furent élever avec le même amour et les même soins qu'ils avaient donné à Fleur de Lune.
Lorsque Fleur de Lune eût 18 ans, ses parents, bien qu'ayant mal au cœur, invitèrent le village entier à une grande fête d'anniversaire. Des lanternes d'or brillaient dans la large court, des papiers colorés pendaient aux arbres, des musiciens jouaient et les tables étaient couvertes d'assez de nourriture et de vin de riz pour contenter tout le monde.
Un jeune homme restait à distance, tenant les reines d'un cheval. Fleur de Lune pensa qu'il était la plus belle personne qu'elle n'ait jamais vu, et ne put s'empêcher de lui sourire. Il dût se sentir encouragé par cette invitation car il vint à elle et à ses parents et dit:''c'est ton cheval, Fleur de Lune, celui qui ta amené ici. Il vit dans mes écuries, attendant ton retour, et je l'ai monté ce soir. Veux-tu me faire l'honneur de le ramener sur la lune avec moi ?''
Fleur de Lune sourit encore. Ainsi le retour sur la lune sembla un peu moins tragique. Ses parents sourirent. Ils étaient toujours tristes, mais ils sentirent que la Lune ne pouvait pas avoir choisi un meilleur mari pour leur fille que ce jeune homme. Fleur de Lune posa sa main sur la douce tête du cheval et lui poussa gentiment du museau. Alors la profonde voix de la lune tonna dans la cour: ''Mes amis, vous avez bien utilisé ses années, partageant amour et bonne fortune avec les enfants qui en avaient besoin. Pour récompense, vous ne serez pas séparés de votre fille pour toujours. Tout les ans, pour son anniversaire, elle viendra pour une longue visite, et son mari et ses enfants l'accompagneront, comme si elle s'était mariée avec un homme d'une bonne famille d'un lointain village !''
Ainsi l'anniversaire devint une fête de mariage, la plus merveilleuse que les villageois aient jamais vu, car les gens de la lune offrirent à tous des présents et des surprises pour célébrer l'occasion. Des vins étranges, des nourritures que personne n'avait jamais vu auparavant, des sucreries pour les enfants. La fête dura presque toute la nuit. Peu avant l'aube, le habitants de la lune montèrent sur leurs chevaux. Le fermier et sa femme purent laisser partir Fleur de Lune sans la douleur d'une séparation éternelle, mais avec l'attente de nombreuses réunions joyeuses. Ils restèrent et la regardèrent monter le rayon jusqu'a ce qu'il ne puisse plus la voir. Lorsqu'ils tournèrent leurs yeux vers la terre, ils eurent la surprise de découvrir un cadeau de plus de la lune, un cadeau qui se répercuta à travers les siècles et procure toujours de la joie aujourd'hui. Sous le cerisier se tenaient deux chevaux de lune, mâle et femelle, brillant d'un blanc argenté dans la lumière du soleil levant.
Sujet: Fleur de Lune, légende japonaise 
